Braque et Picasso
De formation et de tempérament opposés, Braque et Picasso ont mené un dialogue sans égal dans l’histoire de l’art. C’est par ces deux expériences dialectiquement conjuguées de 1908 à 1914 que passe la connaissance de leur œuvre respectif. Avec Picasso, qu’il fréquente de plus en plus, il constate qu’à travers leurs deux recherches parallèles se définit un même projet ; ils décident alors de mettre en commun leurs expériences. De cette communauté, il faut retenir ce que la contribution de Braque a d’essentiel. Le premier, il introduit la lettre d’imprimerie dans la peinture. Le premier, encore, il a recours au peigne à peindre le faux bois et à la technique du faux marbre dans la peinture, comme il ajoutera du sable, de la sciure ou de la limaille de fer à la matière picturale. Ces inventions sont considérables en ce qu’elles désacralisent le «faire» de l’artiste et renversent fondamentalement le rapport à la réalité comme modèle, en mettant un terme au primat du rendu illusionniste.
Au sommet d'une laborieuse et glorieuse carrière , certains ont dit de lui que son oeuvre et son élégante personne étaient une manifestation du Miracle français. Dans son oraison Funebres, qui se tiendra au louvre en Septembre 1963, André Malraux exprimera son admiration pour Braque en s'exclamant: « il y a une part de l'honneur de la France qui s'appelle Braque, parce que l'honneur d'un pays est fait aussi de ce qu'il donne au monde ».